Que jeunesse se passe
On espérait un titre mondial en 2019 et nous l’avons eu, même si ce n’est pas celui auquel personne n’osait rêver. Certes, nos Bleus n’ont pas démérité pendant le Mondial du Japon, mais ils ont quitté la compétition en quart de finale. Non, le toit de leur monde, ce sont encore nos moins de 20 ans qui l’ont atteint, champions pour la deuxième année consécutive. Et, depuis, il souffle comme un vent de jeunesse sur notre rugby, en clubs comme en sélection. Il fait du bien, les lendemains se remettent à chanter.
C’est peut-être de l’insouciance, mais quel réconfort de croire à une promesse. Cet avenir permet la nostalgie en renvoyant les plus anciens à leurs années de cadets, quand l’école de rugby n’enseignait ni la passe vissée ni le plaquage au-dessus de la ceinture. On parlait plutôt, alors, d’« école de la vie » où le succès consistait, avant tout, à passer une belle jeunesse.
On y apprenait les bases pour bien se comporter sur le terrain comme sur le long chemin de la vie : le courage, la solidarité, l’humilité, le partage… De toutes ces valeurs, les rugbymen de Graulhet en ont bien besoin pour surmonter la perte tragique de Beka Burdiashvili, mort sur la route qui le conduisait au match contre Lavaur, le derby du Tarn.
L’étape de Graulhet, pour ce 6e Rugb’Images sera donc particulièrement chargée d’émotion. La soirée sera consacrée à d’autres joueurs qui, dans leur malheur, ont eu plus de chance que Beka. Ils peuvent encore jouer aux rugbys (à XV et à XIII), même si c’est dans leur fauteuil. De courage et de partage, il en sera aussi question à Lavaur, avec la « Rugbythérapie » de ces femmes qui affrontent et font reculer leur cancer ensemble, en se passant la balle ovale.
D’autres joueuses seront mises en valeur, à Carmaux, où la star locale, Gaëlle Hermet, capitaine de l’équipe de France, accueillera des coéquipières internationales pour débattre de cette question : la femme est-elle l’avenir du rugby ? Vaste question.
On s’en posera d’autres à Albi, où d’anciens entraîneurs du XV de France débattront de la performance de ces nouveaux Bleus dans le Tournoi. Toujours à l’ombre de Sainte-Cécile, on échangera sur la relation entre rugby et littérature, en hommage à Denis Lalanne, récemment disparu. A Mazamet, nous évoquerons la saga d’une famille extraordinaire : les Spanghero. A Gaillac, on s’interrogera sur le rôle des consultants (anciens joueurs ou entraîneurs) à la télévision.
Partout, il y aura des expositions photographiques (onze sur sept villes), des projections de films et des intervenants prestigieux. Il y aura des envies de se retrouver pour continuer à passer une belle jeunesse… le plus longtemps possible.
3ème prix concours photo 2018 – Photographe : Carlos DECOS